Être maman. Voilà l’inébranlable certitude qu’Anne-Marie Luca possède depuis toujours, laquelle s’est solidifiée lorsqu’elle a rencontré l’homme parfait. Jusqu’à ce que la maladie frappe. Fort.

À 34 ans, elle est devenue cette statistique canadienne selon laquelle une femme sur deux recevra un diagnostic de cancer au cours de sa vie. C’était en novembre 2016. Les médecins découvraient dans le col de son utérus une tumeur rare et très agressive.

Si elle voulait survivre à cette maladie et éviter toute possibilité de récidive, elle devait subir une ablation radicale de l’utérus. Devenir, donc, ce couple canadien sur six touché par l’infertilité. Au moment même où elle et son conjoint souhaitaient fonder une famille.

Son couple, comme la majorité des quelque 111  000 couples infertiles québécois, a vécu la violente détresse liée à l’infertilité. Puis a réalisé, avec désespoir, le manque de ressources pour soutenir ces personnes souvent dans l’ombre de ce tabou.

Désormais, la seule façon de concevoir un enfant qui leur était biologiquement lié était d’avoir recours à la gestation pour autrui (GPA). C’est-à-dire trouver une femme de confiance pour porter l’un de leurs dix embryons, fécondés in vitro avant le début des traitements anticancéreux.

Bien que légale, la GPA est aussi peu réglementée qu’elle est marginale. Il existe donc très peu de ressources pour comprendre ce processus complexe. Tout au long de leur aventure haute en émotions, Anne-Marie a dû construire ce casse-tête avec les bouts d’informations incomplètes — et parfois erronées — qu’elle obtenait ici et là. Une démarche qui a nécessité en moyenne plus de 600 heures de recherches.

Son fils est né trois ans après son diagnostic. Et avec, le désir de soutenir les personnes qui, comme elle, doivent affronter, seules, ce parcours houleux et incompris.

Extrait tiré et adapté du reportage « Traverser un cancer à deux », réalisé par la fondatrice d’Info-Procréation dans son ancienne vie de journaliste.